Qu’y aura-t-il dans nos assiettes en 2050 ? Le jeudi 6 février, nous étions conviés au Sénat pour assister à une table ronde autour de l’alimentation et de son avenir, mais pourquoi le Sénat aborde-t-il ce sujet ?
Les questions du réchauffement climatique, de l’usure des sols, du manque d’eau et de la surpopulation sont centrales dans l’avenir de notre pays. Notre agriculture et notre alimentation vont devoir évoluer dans les années à venir. Les gouvernements ne font pas du sujet une priorité mais le bouleversement de nos modes alimentaires pourrait avoir de grosses conséquences sur l’économie mondiale.
1re partie.
Cette matinée de travail tournait autour de deux sujets, d’autres seront abordés au fil du temps. Le premier était les nouveaux aliments et leurs apports alimentaires. Plusieurs intervenants nous ont expliqué les orientations possibles comme les farines d’insectes. D’après les projections, le besoin de protéines dans le monde va augmenter de 40 % en 2030, et 50 % en 2050.
Afin de répondre à cette demande sans augmenter la production industrielle de viande, des solutions alternatives sont étudiées comme les protéines d’insecte. Une tendance mondiale commence à immerger et plusieurs entreprises commencent à bâtir des zones de production de plus de 10 000 tonnes.
D’autres alternatives existent comme le marché de l’algues qui rapporte plus de 4 milliards de dollars en 2017 et pourrait doubler dans les années à venir, mais la tendance pour ce marché se tourne plus vers l’Asie du Sud Est qui est actuellement le plus gros consommateur de ce type d’aliment.
Reste les légumineuses, le nombre de personnes végans ou végétariennes augmente dans les pays occidentaux. Ce type de cuisine explose aux États-Unis et le nombre de sociétés présentes en Europe augmente. L’apport énergétique et protéinique des légumineux offre une alternative qui attire de plus en plus et pourrait combler des manques actuels comme la consommation de fibre qui a baissé à cause de nos modes de vie urbains. En trois générations, nous sommes passés de 120 à 150 grammes de fibre par jours à 15 à 30 grammes. Cette différence modifie notre micro biote et amène de nouvelles pathologies comme les allergies.
Plusieurs freins et obstacles s’opposent à ce développement.
Les effets de mode ne correspondent pas forcément à la réalité économique et sociale. Il faut repenser notre alimentation. Autrefois, l’alimentation faisait la société, aujourd’hui la société fait notre alimentation. Manger est devenu fonctionnel et nous mangeons comme nous vivons. Souvent dans l’urgence sans prendre le temps de préparer, cuisiner… L’utilisation de ces nouveaux aliments se mettra en place de trois manières possibles par leur efficience et leur adaptabilité à notre manière de vivre ou ils se substitueront à d’autres ingrédients comme les farines d’insectes ou moins probable ils remplaceront notre alimentation actuelle. Même si 2050 peut paraître loin, les évolutions sont déjà visibles dans nos modes de consommation.
2e partie.
Les légumineuses sont-ils la clé de la transition alimentaire et agricole. Le deuxième point abordé tournait autour de l’utilisation des légumineuses comme les haricots secs, les lentilles… Leurs utilisations et leurs cultures permettraient d’user moins les sols. En effet, ils absorbent mieux l’azote et par conséquent demandent moins d’eaux tout en fatiguant moins les terres sur lesquelles ils sont cultivés.
Aussi, une consommation plus grande de ces produits ne ferait pas descendre l’apport protéinique de nos plats mais réduirait l’emprunte carbone de notre consommation actuelle en mangeant moins de viande. Pour exemple, le panier moyen d’une famille de quatre personnes émet 189gr de CO2 au m2, avec les légumineuses cela descendrait à 68 grammes de Co2 au m2.
De plus, une agriculture des légumineuses n’empêcherait pas une agriculture animale. Elles pourraient même créer un cercle plus vertueux entre éleveur et producteur. Les déchets des uns servent pour le travail de l’autre. Ainsi, nous réduiront les effets néfastes de l’utilisation de produits industriels dans l’agriculture.
Mais comment cuisiner les légumineuses pour de la restauration collective.
Chez soi ou au restaurant, le temps de créer une recette, de la mettre en œuvre et d’en profiter permet d’installer ce type de cuisine assez aisément. Mais la restauration collective demande d’être rapide et l’image des produits comme les lentilles et les haricots secs par exemple n’aide pas à la mise en place de ce type d’ingrédient. Plusieurs consultants commencent à partager leur expérience afin de faciliter ce changement d’habitude comme Gilles Daveau qui était présent lors de cette table ronde.
Notre conclusion.
L’urgence climatique s’intensifie et nous devons réagir. Certaines de ces solutions ne seront peut-être jamais mises en place. Pour notre part, nous aimerions une agriculture contrôlée. Nous avons pris l’habitude d’avoir tous les produits même de luxe, disponibles tout le temps et qu’ils soient de moins en moins cher. Mais, l’industrialisation et la surconsommation sont souvent les effets de ce genre d’attente. Avant, nous grands-parents consommaient les morceaux nobles et moins nobles de tous les ingrédients. Notre histoire, notre gastronomie et la qualité de notre agriculture paysanne peuvent orienter notre futur. La solution est peut-être à porter de mains et n’attend que nous. Il suffit peut-être de regarder dans la bonne direction et réapprendre à cuisiner.
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